minéraux et pigments
Les pigments touchent l'art, l'histoire et la science, la géologie, la chimie, etc.
Moi je suis une artiste...Pensez-vous que dans mon métier, la science a une place ?
QU'EST CE QU'UN PIGMENT ?
Un pigment est une matière pulvérulente, colorante, insoluble (comparé à un colorant) et essentiellement, physiquement et chimiquement peu affectée par le liant (véhicule) ou le support (substrat).
PETITE HISTOIRE DE L'UTILISATION DES PIGMENTS PAR L'HOMME
L'utilisation de pigments naturels remonte à la préhistoire. Nos ancêtres utilisaient des ocres, de l'hématite, des minerais de métaux bruns, du manganèse, qui pouvaient affleurer à même le sol. Ils liaient ces pigments avec de l'huile (pour le Magdalénien, c'est prouvé), de la graisse, des résines, des cires naturelles, ou tout autre matière pouvant faire office de liant et que la nature lui fournit.
La découverte du feu (vers -450.000 ans) et sa domestication, permit de découvrir des suies calcinées de charbons de bois, résidus de la combustion de diverses essences d'arbre, qui permirent à l'homme d'exprimer ses idées par la réalisation de fresques au graphisme plus précis (grottes de Lascaux situées et autres). À travers l'histoire de l'humanité, nombreux sont les exemples d'utilisation de pigments naturels et de confections de pigments artificiels par l'homme (le bleu et le vert égyptien figurent parmi les premiers pigments inorganiques artificiels).
Lapis-Lazuli :
Une pierre dont l'utilisation est très ancienne, remontant à 7 000 ans. Il est surtout connu comme pierre ornementale, opaque, de couleur bleue, entre l’azur et l’outremer, elle est essentiellement utilisé en bijouterie, décoration et peinture.
Du lapis-lazuli, on extrayait en particulier le pigment outremer (qui une fois purifié se vendait autrefois au prix de l'or avant que le chimiste et pharmacien Vauquelin ne découvrît en 1814 la formule d'un pigment identique synthétisé par hasard dans les fours à soude du procédé Leblanc installés à Saint-Gobain, pigment que Vauquelin a analysé en concluant qu'il était identique au lapis-lazuli analysé en 1808 par Clément et Desormes1).
Le nom dérive du latin lapis, qui signifie pierre, et de lazuli qui signifie azur.
Les mines principales du lapis-lazuli utilisées dans l'ensemble du Proche-Orient se situent en Afghanistan septentrional, à Badakshan bien qu'il y eut toutefois d'autres gisements dont on ne sait s'ils étaient alors exploités (au Balouchistan par exemple). Dans l’Antiquité, on confondait lapis-lazuli et saphir. Ainsi, Pline parle de saphir avec des taches dorées. On trouve des références similaires dans la Bible.
Pendant l’époque romaine, le lapis avait la réputation d’être un aphrodisiaque. Au Moyen Âge, on lui attribuait d’autres vertus médicinales : bon pour la robustesse des membres, et prévenant l’esprit de la peur, du doute et de l’envie. On le buvait broyé, mélangé à du lait.
Aujourd'hui, le principal gisement se situe à la mine de Sar-e-Sang (en), Afghanistan. Ceux du Chili, à Ovalle, fournissent une pierre plus pâle. On en trouve également en Russie, dans la région du lac Baïkal et en Sibérie. D’autres pays en fournissent en quantité moindre : Angola, Birmanie, Pakistan, États-Unis (Colorado et Californie), Canada.
-
Les Moghols ont utilisé le lapis-lazuli dans leur art et particulièrement dans la décoration du Taj Mahal, à Agra : les pierres provenaient du Sri Lanka ou d'Afghanistan7.
L'outremer véritable
Broyé en fine poudre, il a longtemps servi de pigment bleu pour la peinture, dans les fresques, les miniatures, les peinture Tempera et peinture à l'huile. Le pigment outremer, extrait du lapis-lazuli, fut lui utilisé à partir du xiie siècle. Il est importé de Venise, d'où une utilisation régulière par les peintres italiens, notamment ceux des xive et xve siècles.
De même, l'outremer véritable aurait entre autre, servi à peindre le ciel sur le plafond de la chapelle Sixtine. Il était alors très coûteux (plus cher que l'or à certaines époques). Les peintres l'utilisaient donc en couche finale, sur un fond bleu moins onéreux (indigo, azurite).
L'outremer artificiel
En 1787, lors de son séjour en Italie, l'écrivain allemand Goethe, avait remarqué la formation d'une matière bleutée, d'aspect vitreux, sur les revêtements d'un four à chaux, désaffecté après un incendie, et précise que cette matière était utilisée à Palerme, pour la décoration, en substitution du lapis-lazuli : « Nous trouvons après l'incendie un type de flux de verre qui va du plus léger bleu à la couleur la plus foncée, ou la plus noire. Dès l'apparition de l'outremer artificiel, créé en 1826, par l'industriel français Jean-Baptiste Guimet, et le chimiste allemand Christian Gmelin, l'outremer véritable tomba en désuétude.
Pendant les années 1950, l'artiste plasticien français Yves Klein a tenté, sans succès, de créer un bleu aussi intense que le véritable outremer, utilisé par Giotto pour peindre ses fresques. Il s'est alors tourné en 1956 vers Édouard Adam, un négociant en peintures dans le quartier de Montparnasse à Paris et aussi chimiste amateur, qui a réussi à produire une formule de colorant bleu intense. Celle-ci a été officiellement enregistrée à l'Institut national de la propriété industrielle, le 19 mai 1960, par Yves Klein, sous le nom de IKB (International Klein Blue), sans pour autant mentionner le nom d'Édouard Adam, le découvreur de la formule.
Pigment rouge
Saviez-vous que certaines couleurs sont faites à partir d'insecte ?
Le pigment rouge qu'on retrouve souvent dans l'alimentation, dans les confiserie et dans les
cosmétiques est fait à partir de la Cochenille. Un tout petit insecte qui vient embêter vos plantes !
Plus précisément il reproduit naturellement sur le figuier de Barbarie des régions andines
désertiques. Dés le Moyen-Âge, on commence à ramasser ces insecte, à les desséchée et les broyée pour en tirer un pigment écarlate. Avec un kilo de « graines », vous pouviez fabriquer environ 15g de pigment ! Bien entendu, vous pouviez également utiliser la plante Garance pour fabriquer un pigment de couleur rouge vif ! Mais cette fabrication était bien moins répandue… et de nos jours encore, nous utilisons de la cochenille pour nos cosmétiques. Votre rouge à lèvre rouge est fait avec du E120, autre nom de la cochenille ! Tout comme il est présent dans des bonbons, des sodas, les charcuteries, etc. cherchez ce code sur vos produits.
Le Pérou, premier fournisseur de carmin de cochenille, assurait en 1989 80 % de la production mondiale, dont 60 % sous forme d'insectes et 40 % sous forme de carmin. La cochenille récoltée sur les figuiers de Barbarie est transportée dans les usines d’extraction du colorant à proximité des zones de production.
Les producteurs ne touchent actuellement que 10 % environ des revenus provenant de la transformation de la cochenille. Les intermédiaires et les producteurs de colorants ont la marge bénéficiaire la plus importante. En 2005, environ 50 000 personnes assuraient la récolte et la transformation au Pérou.
Colorant alimentaire
Le pigment carmin, comme nous l'avons vue s'utilise comme colorant alimentaire sous le numéro E120.
Considéré généralement comme non toxique, le carmin est cependant connu pour déclencher sur une partie restreinte de la population des allergies diverses allant de l'urticaire et l'asthme jusque — plus rare — des chocs anaphylactiques très graves, les réactions au départ de cosmétiques sont plus fréquentes et sont attribuées aux restes d'insectes utilisés pour sa fabrication. Si l'additif est aujourd'hui synthétisable, ce n'est pas encore le cas pour l'alimentation industrielle.
Dans certaines région du monde, où on culture le figuier de Barbarie pour ses fruits, la cochenille menace les productions.
Noir d’ivoire
Selon vous, avec quoi est fait le noir d'ivoire ? Ce noir est obtenu par la calcination de l’ivoire d’éléphant. Heureusement, désormais, il est obtenu à partir de dents car l’ivoire de nos beaux éléphants est très protégé car il est en voie de disparition. Avant on l'utilisait avec l'huile, l'acrylique, la tempera, la peinture à l'eau, etc.
Le noir d’ivoire vu son prix prohibitif (près de 1000$ le Kg), la règlementation draconienne de l’importation de l’ivoire, le manque de matières premières, ainsi que l’utilisation accrue de matières plastiques comme remplacement de l’ivoire fait qu’il avait petit à petit disparu de la palette du peintre.
Le Noir d’Ivoire authentique n’a pas été produit depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. On obtient le véritable noir d’ivoire en calcinant des morceaux d’ivoire dans des pots en fer, fermé hermétiquement et alors chauffé à approximativement 800 °C. Le Noir d’Ivoire pur est un pigment très sombre, bleuâtre quand il est mélangé avec du blanc. C’est le plus profond des noirs de carbone en comparaison des noirs de lampe.
Le noir d’ivoire et les noirs d’os ordinaire (de bœuf ou de porc) n’ont rien en commun, l’un étant pur à 98 % de carbone, l’autre (le noir d’os) ne comportant que de 15 à 18 % de carbone. Tous les noirs d’ivoire des peintures en tubes du commerce sont des noirs d’os mais possèdent le même Colour Index que le noir d’ivoire. Plus chaud que les noirs à base de carbone, moins colorant que le noir de fumée, le noir d'os est à la base de beaucoup de gris chauds et de verts rompus.